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Alice escomptait que Granville l’appellerait en début de matinée, dès son arrivée au bureau ; à huit heures, elle était déjà levée ; elle but son café dans la cuisine en lisant son courrier et le journal, distraite par cet appel qui ne venait pas. À onze heures, après avoir atteint un degré d’impatience qu’elle jugeait elle-même parfaitement rationnel, elle empoigna le téléphone.
Il vint en ligne sans le moment de battement habituel, et la désarma instantanément par une gentillesse.
Puis : « J’ai essayé de vous joindre, Alice. La jeune fille du standard dit que ça ne répondait pas chez vous. Étiez-vous sortie ?
— Mais non, je n’ai pas bougé. Que s’est-il passé hier ?
— Eh bien, j’ai rencontré Stackpole, fit Granville sur un autre ton. Je crains que les nouvelles ne soient pas très bonnes pour vous. Ils ne sont pas près de lâcher le manuscrit.
— Vous m’aviez pourtant dit que… Enfin, bref. » Alice sentit croître en elle une appréhension familière – ou plutôt, qui lui était devenue familière ces trois dernières semaines. « Vous avez réussi à savoir ce qui se passe ?
— Laissez-moi vous rapporter fidèlement ce qui s’est dit. Stackpole m’a exposé les dispositions légales appliquées par le ministère de l’intérieur et qui justifient la saisie de votre manuscrit. Pour le moment, c’est comme s’il avait été frappé d’une interdiction totale. Officiellement, et jusqu’à ce qu’ils veuillent bien la lever, ce livre n’a plus aucune existence. La mise sous séquestre signifie bien plus que je ne pensais…
— Mais enfin, Granville ! Je ne comprends pas ! » La tête lui tournait, elle ne savait plus très bien ce qu’elle disait. « Que voulez-vous dire par “Plus aucune existence” ? Est-ce qu’ils l’ont détruit ?
— Laissez-moi vous expliquer. Non, ils ne l’ont pas matériellement détruit. Mais la conséquence de cette mise sous séquestre est que le livre n’existe plus, tant qu’ils n’en ont pas décidé autrement. » Granville marqua une pause, puis : « Malheureusement, c’est encore pire. J’admets que je pensais qu’ils vous empêcheraient simplement de le publier. Mais il y a plus grave. Tant que la consigne demeurera, nous n’avons même pas le droit de révéler son existence à qui que ce soit. Vous ne devez pas en parler, Alice. Ni à moi, ni à votre éditeur ou à vos amis. Pas même pour en citer le titre.
— Mais, comment vais-je expliquer ce qui s’est passé ?
— Vous ne pouvez pas, non plus, faire savoir qu’il est saisi.
— Je le sais bien. C’était précisé dans la note qu’ils m’ont envoyée. »
Honteuse, elle repensa à Eleanor et aux lettres qu’elles avaient toutes deux projeté d’écrire.
« Oui, mais ils s’inquiètent de savoir s’il en existe d’autres exemplaires. Vous en avez fait combien de copies ?
— Deux en tout. Celle qu’ils ont entre les mains plus celle que nous avons envoyée à Harriet.
— Qui est également entre leurs mains », l’informa Granville.
Alice gémit. Elle était assise à son bureau, la tête basse. Sa main libre était crispée sur son cou.
« Stackpole m’a demandé si vous en déteniez d’autres exemplaires pour votre usage personnel.
— Non, il n’y a que ces deux-là.
— Ni carbones, ni photocopies ?
— Non.
— Vous en êtes sûre ?
— Je l’ai tapé sur mon ordinateur de traitement de texte. Impossible de faire un carbone. » Elle se rendit brusquement compte de ce que cela impliquait et ferma les yeux. « J’ai toujours la disquette.
— Alors, il va falloir la leur envoyer. Ou bien l’effacer.
— Je ne peux pas faire ça ! C’est tout ce qui me reste de ce livre ! Granville, j’en ai assez de tout ça !
— Ils peuvent perquisitionner chez vous, Alice. Et ils n’auront pas besoin d’un mandat. Ils sont venus à mon bureau hier, pendant que j’étais en rendez-vous avec Stackpole. Ils cherchaient d’éventuels exemplaires supplémentaires de votre livre. Je ne sais pas si vous vous rendez bien compte de la gravité de la situation.
— Je n’arrive pas à croire qu’une chose pareille puisse m’arriver, à moi ! Mais qu’est-ce que j’ai fait ? Qu’est-ce qui peut bien leur faire peur dans ce bouquin ? Je suis persuadée qu’il s’agit d’une erreur. Vous leur avez demandé ? Ils sont certains de ne pas s’être trompés de livre ?
— Cette disquette, Alice… Vous allez l’effacer ? »
Elle jeta un regard éperdu à sa boîte de disquettes, bien rangée à côté de l’ordinateur. Les disquettes en question étaient quelque part à l’intérieur, avec les autres, sans classement particulier. Depuis qu’elle avait terminé le livre, elle n’y avait plus repensé.
« Je le ferai dès que j’aurai raccroché, répondit-elle. Dois-je également pulvériser l’ordinateur, tant que j’y suis, au cas où je serais tentée d’écrire un autre livre ?
— Je suis navré, Alice. Je sais ce que vous devez ressentir. »
Tu parles ! songea-t-elle amèrement. Tu n’as jamais écrit une ligne de ta vie ! Pas que je sache, en tout cas. Il faut avoir écrit un livre soi-même pour savoir l’impression que ça fait. Les semaines et les mois passés à y réfléchir, à le mettre en forme, le travailler, le corriger, à s’inquiéter, perdre espoir, reprendre courage, capituler, puis repartir de zéro. Tout cela faisait partie du livre sans qu’il en reste la moindre trace dans le manuscrit achevé. Elle se demanda si Harriet n’en aurait pas par hasard fait une photocopie avant la saisie. C’était chose courante, chez les éditeurs ; ils donnaient le manuscrit à des lecteurs et conservaient précieusement l’original. On en avait peut-être envoyé un exemplaire à un lecteur indépendant, auquel cas elle avait une chance de mettre la main dessus.
Mais à quoi bon, s’ils avaient le droit de fouiller sa maison ?
« Tout espoir n’est pas perdu. Stackpole m’a laissé entendre qu’ils lèveraient bientôt l’interdiction.
— Mais alors, à quoi ça rime, tout ça ? Il vous a donné une date ?
— Vous savez comment sont parfois les fonctionnaires. Il ne m’a rien dit explicitement. On m’a fait comprendre… Tout à fait le genre d’expression qu’il utilisait, d’ailleurs. On m’a fait comprendre, donc, que si vous obtempériez scrupuleusement, on finirait par vous le rendre.
— Mais Granville… Comment vais-je faire, pour l’argent ? Je comptais sur ce livre, moi.
— Je crois que pour ça, au moins, nous pouvons faire quelque chose. » Elle l’entendit reprendre son ton habituel. Sur ce terrain, il était compétent. « J’aurai Harriet au téléphone un peu plus tard dans la journée. Elle sait que vous avez remis le livre, même si elle n’a pas le droit de le reconnaître. Je ne vois rien qui l’empêcherait de débloquer le reste de votre à-valoir. Sinon, si ce n’est pas en son pouvoir, nous verrons entre nous ce qu’on peut faire.
— Non. Je ne veux pas d’un prêt, Granville, si c’est ce que vous voulez dire. Merci quand même. Tout ce que je veux, c’est récupérer mon livre. » Quelques minutes plus tard, après qu’ils eurent raccroché, Alice était toujours assise à son bureau et fixait un regard furieux sur le mur en face d’elle. Sans aucune raison, elle continuait de blâmer Granville. Naturellement, ce n’était pas vraiment sa faute, mais depuis qu’elle avait appris la mesure qui frappait son manuscrit, il avait agi comme leur porte-parole à eux deux. Elle espérait encore qu’il lui concocte une de ses fabuleuses machinations telles qu’elle en lisait le compte rendu dans le Bookseller, quand il réussissait un coup de maître pour un de ses autres clients. Elle connaissait et acceptait la position inférieure qu’elle occupait aux yeux de Granville – toute hiérarchie avait son premier degré –, mais dans un moment pareil, elle avait envie de sentir qu’il travaillait pour elle.
Elle trouva les deux disquettes contenant son livre et les glissa dans sa poche. Nulle puissance au monde n’aurait pu l’obliger à les détruire.
Mais Granville avait raison, elle le savait : on pouvait venir fouiller chez elle. Il était tout bonnement inutile de les cacher dans un coin.
Elle réfléchit un moment, puis alluma l’ordinateur. Elle fureta dans sa boîte à disquettes et en trouva deux anciennes, dont elle ôta laborieusement les vieilles étiquettes toutes collantes pour les remplacer par des neuves. Elle gribouilla « Six femmes combatives, première version » sur la première et « Six femmes combatives, version définitive » sur l’autre.
Avec la sensation d’accomplir enfin quelque chose pour se défendre, elle introduisit les deux disquettes dans le lecteur et les reformata. Cela fait, elle changea de stylo, écrivit Effacée sur chaque étiquette et ajouta la date du jour.
Puis elle se fit une autre tasse de café et joua un moment avec le chat.
Au bout de quelques minutes, il lui vint une autre idée. Elle se souvint d’avoir lu dans un magazine d’informatique qu’on pouvait toujours récupérer les données d’une disquette effacée. Si les experts en informatique du ministère de l’intérieur examinaient les disquettes qu’elle venait de falsifier, ils ne trouveraient pas ce qu’ils cherchaient et ils en auraient toujours après elle. L’espace d’un instant, elle perdit espoir, mais l’impression de devoir se battre pour sauver son livre la rendait pleine de ressources.
Elle ralluma l’ordinateur, copia rapidement les vraies disquettes sur les fausses, s’assura du bon déroulement de la manœuvre, puis se contenta d’utiliser la fonction « supprimer » pour les effacer. Maintenant, si on s’introduisait chez elle, si on emportait ces disquettes et si, finalement, on cherchait comme il faut, elle ne risquait plus rien.
Elle rangea les fausses disquettes dans la boîte, referma le couvercle et éteignit l’ordinateur.
Les bonnes disquettes en sécurité dans une enveloppe glissée dans sa poche, elle remplit l’assiette de Jimmy et partit à pied pour le village voir si sa voiture était prête.
Elle ne se rendait absolument pas compte de ce qu’elle venait de faire, elle n’avait pas conscience d’avoir commis quoi que ce soit d’illégal, pourtant, cela ne faisait aucun doute. Au lieu de cela, elle était intimement persuadée d’avoir bien agi : elle n’aurait pas davantage pu détruire son livre qu’une mère ne peut tuer son enfant. Elle en concluait logiquement que la loi avait tort, et en retirait une sensation enivrante de témérité. Jamais encore elle n’avait enfreint la loi, du moins pas sérieusement. Elle avait bien fumé quelques joints au lycée, comme les autres, dépassé la vitesse autorisée sur la route et fraudé un peu le fisc, ce genre de choses, mais ce n’était pas bien grave. Là, elle savait que si elle se faisait prendre, elle pouvait aller en prison ; c’était indiqué dans la lettre qu’elle avait reçue. Mais il y avait des choses qui dépassaient le cadre de la loi, et de toute façon il aurait d’abord fallu qu’ils l’attrapent.
Pour le moment, tant qu’elle les portait sur elle, les disquettes étaient en sécurité ; mais s’ils avaient vraiment le pouvoir de fouiller sa maison sans mandat de perquisition, où les entreposer durablement ? La tête pleine de fantasmes morbides, elle vit une bande de gros bras de l’intérieur enfoncer sa porte à coups de pied, une matrone lui arracher ses vêtements et retirer d’un air triomphant les disquettes de son soutien-gorge, par exemple.
La situation dans son ensemble lui paraissait irréelle. Arrivée à hauteur des maisons formant le centre du village elle salua un couple qui sortait de son cottage en songeant : Je porte sur moi quelque chose d’interdit ; belle journée, n’est-ce pas ?
Sa voiture l’attendait. Elle régla la note par chèque, se demanda si la banque paierait, puis prit le volant et partit pour Ramsford. Ses pensées revenaient constamment sur les disquettes. Elle s’imagina arrêtée par la police suite à une infraction mineure, et contrainte de les regarder démonter entièrement sa voiture à la recherche de ses biens illégaux. En attendant de trouver une meilleure cachette, elle les fourra dans le bazar qui encombrait la boîte à gants.
Bien qu’elle en soit distante de plus de cinq kilomètres, c’était à Ramsford qu’Alice avait l’impression d’habiter. Elle avait cherché à s’y loger au temps où elle était en quête d’une maison, mais les prix l’en avaient chassée, l’obligeant à se rabattre sur Milton Colebourne. Ramsford était à l’origine un village, mais qui s’était élevé au statut de bourg-marché ; on y trouvait des agences des principales banques, un bureau de poste, une gare, des médecins, des dentistes, des boutiques, et tout le reste. Le centre était resté plus ou moins en l’état, et on pouvait encore se représenter ce que Ramsford avait dû être un siècle plus tôt. Dans son ouvrage consacré au comté de Wiltshire, Nikolaus Pevsner qualifiait l’architecture de Ramsford de « neutre », commentaire qui ne laissait pas de déconcerter Alice chaque fois qu’elle y venait ; les autres références historiques étaient fort rares. William Cobbett[1] avait passé une nuit en 1821, et en 1687, Celia Fiennes[2] avait fait un grand détour pour l’éviter en se rendant à Bath par crainte des rôdeurs et des routes creusées d’ornières. Ce qu’Alice appréciait dans ce bourg, c’était justement son côté méconnu, et elle se félicitait de ce qu’il le reste. Elle n’habitait le Wiltshire que depuis moins d’un an, mais elle s’y sentait déjà chez elle.
Elle alla tout d’abord acheter des timbres au bureau de poste. Mrs. Lodge était derrière le comptoir, impatiente d’aborder avec Alice le sujet passionnant qu’était la mort d’Eleanor ; mais c’était le jour des pensions : il y avait une longue file d’attente. Alice ne fut pas fâchée de s’en tirer avec quelques mots.
Le commissariat de police se trouvait en face de la poste, mais Alice alla d’abord acheter un pamplemousse chez le fruitier. Au passage, elle jeta un coup d’œil au bâtiment et aperçut derrière la fenêtre l’agent avec qui elle avait parlé. Il regardait droit dans sa direction et lui adressa un signe de tête, sans pour autant lui sourire. Alice répondit de la même façon et entra chez le marchand de primeurs. Un énorme camion peint en vert portant l’inscription B.B.C. Informations télévisées était garé juste devant.
Ramsford était un trop petit bourg pour posséder un commissariat de police digne de ce nom. Le poste était simplement le domicile du policier, prolongé par une aile plus moderne servant de bureau. Une des fenêtres donnant sur l’arrière comportait des barreaux. C’était le seul signe extérieur révélant la fonction du bâtiment. Cela mis à part, il ne se différenciait guère des autres maisons du centre. Lorsque Alice y entra, le policier était toujours à sa fenêtre ; un autre homme, plus âgé et habillé en civil, était assis derrière un bureau.
L’entrevue dura environ dix minutes. Jusque-là, Alice n’avait pas très bien su à quoi s’attendre, encore qu’elle se trouvât, depuis sa conversation téléphonique avec Granville, dans un état d’esprit inhabituel : d’un côté, ce qu’il lui avait révélé à propos de son manuscrit avait encore aiguisé sa paranoïa ; mais de l’autre, après la falsification à laquelle elle s’était livrée sur les disquettes, elle se sentait pleine de défi. Ces deux humeurs contradictoires s’équilibraient, et il en ressortait finalement un sentiment de détachement.
Le policier en civil se présenta : inspecteur Bowker, police de Salisbury, et lui posa des questions aussi banales que l’avait laissé entendre l’agent. Depuis combien de temps connaissait-elle la victime ? La connaissait-elle bien ? Quand l’avait-elle vue pour la dernière fois ? Et ainsi de suite.
Pour finir, néanmoins, l’inspecteur lui demanda : « Avez-vous vu ces derniers temps quelqu’un qui ne vous semblait pas familier ? À Milton Colebourne ou dans le voisinage de la maison de Mrs. Traynor ?
— Non, je ne vois pas. » Elle s’efforça de rassembler ses souvenirs, essayant consciencieusement de se rendre utile. « Je n’habite ici que depuis l’hiver dernier. Je ne connais pas grand monde dans le coin.
— Bien. Mais vous dites que Mrs. Traynor et vous étiez très amies. Avez-vous personnellement connaissance d’un mobile possible ?
— Non, bien sûr que non. »
Mais l’inspecteur avait insisté sur le mot personnellement, comme s’il se pouvait que les autres voient les choses différemment. Cela modifiait subtilement le sens de la question. Elle se demanda qui d’autre on avait bien pu interroger. Les commerçants, le fils d’Eleanor, les habitants du village ? Ceux-là avaient-ils un point de vue différent ? Savaient-ils sur Eleanor des choses qu’elle-même ignorait ? Le plus curieux était qu’en devenant l’amie d’Eleanor, elle avait eu l’impression d’entrer dans la confidence de la vieille dame. Elle se remémora leur première conversation : sujets liés à la vie du village, menus propos, offres de solidarité entre voisines, ce genre de choses. Comme tout cela avait bien changé par la suite ! Souvent Eleanor lui avait dit : « Vous ne savez pas ce que cela représente pour moi d’avoir quelqu’un à qui parler », comme si elle trouvait en Alice un exutoire qu’elle n’aurait rencontré chez personne d’autre. Alice se remémora ses propres sentiments de culpabilité égoïste, du temps où elle passait de longues heures à achever son livre, bouclée dans son bureau face à son écran, sans rendre visite à Eleanor aussi souvent qu’elle aurait pu. C’était ainsi que les cassettes avaient vu le jour : un moyen de justifier le temps qu’elle passait loin de son livre, puisque dans sa tête elles contenaient peut-être le germe du prochain.
Elle se rappela ce dont elles discutaient : l’appartenance d’Eleanor au C.N.D.[3] aux Amis de la Terre et à Greenpeace, sa théorie selon laquelle le gouvernement britannique s’entendait avec les États-Unis pour accroître sans cesse les dépenses militaires afin de faire tourner l’économie, et ainsi de suite. Lorsqu’elle abordait ce genre de sujets, elle devenait farouche, radicale, un peu loufoque. Elle voyait des ennemis partout, parlait de secret, de censure, de conspirations au plus haut niveau, de répression politique. Tout cela rendait un son plutôt familier aux oreilles d’Alice. Bizarrement, Eleanor lui rappelait le temps où elle était étudiante, le temps où elle aussi avait toutes sortes d’opinions.
S’agissait-il alors d’un assassinat politique ? Trois semaines plus tôt encore, elle n’aurait jamais envisagé une chose pareille, mais cette histoire de manuscrit lui avait ouvert les yeux sur pas mal de choses. Quelqu’un avait-il pu supprimer Eleanor à cause de ses convictions ?
« Vous en êtes sûre ? insista l’inspecteur, décelant peut-être l’hésitation d’Alice. Mrs. Traynor a-t-elle mentionné devant vous une personne en particulier ?
— Non, j’en suis certaine, répondit Alice en s’efforçant de prendre un air ingénu. Ce n’était qu’une vieille dame inoffensive. Je ne vois absolument pas ce qui a pu se passer. »